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Anna Karénine, de Léon Tolstoï


Anna Karénine (Анна Каренина)
de Léon Tolstoï
Editions Folio Classique (2010)
1ère édition en russe en 1877
Traduction d'Henri Mongault
458 pages 



Léon Tolstoï est un des écrivains majeurs de la littérature russe. Ses romans et nouvelles sont riches d'analyses  psychologiques et philosophiques et dépeignent avec beaucoup de justesse la Russie du XIXème siècle. 

     
Synopsis

Constantin Lévine est amoureux de la princesse Kitty Stcherbatski. Mais alors qu'il en vient à se déclarer, il est éconduit par la demoiselle. Celle-ci, bien qu'éprouvant beaucoup d'affection pour lui, s'est en effet laissée séduire par le comte Vronski, un jeune et fringuant officier. Elle attend avec impatience qu'il fasse sa demande en mariage, mais l'arrivée d'Anna Arcadievna, venue rendre visite à son frère Stépane Arcadiévitch, va changer la donne. Mariée jeune, et sans affection pour son mari Alexis Alexandrovitch Karénine, Anna va devoir faire face aux sentiments inconnus et tumultueux qu'elle éprouve pour Vronski. Les deux tombent passionnément amoureux et entament une liaison qui défrayera la chronique de la haute société russe..


Mon avis

Après trois semaines, je tourne enfin la dernière page de ce monument de la littérature russe. 3 longues semaines à alterner phases d'euphories où je pouvais engloutir 150 pages d'un coup sans ciller et instants désespérés où je devais lutter pour garder mes yeux ouverts plus de 10 minutes. Même si j'ai globalement très apprécié cette lecture, elle aura néanmoins été laborieuse, d'autant que les sirènes de ma PAL ont su faire preuve de beaucoup de charme dans les appels qu'elles me lançaient.

L'histoire regroupe plusieurs intrigues bien menées qui se nouent. Anna a donné son nom à l'ouvrage, mais ce sont bien différents destins croisés que l'on suit ici. Et si la tragique passion d'Anna et Vronski n'a pas su me toucher autant qu'elle aurait dû, j'ai suivi avec beaucoup d'attention Lévine dans sa quête de bonheur. Je pense d'ailleurs que contées séparément, ces deux histoires auraient perdu beaucoup de leur force. Mises en contraste au sein d'un même roman, elles permettent à Tolstoï d'aborder différentes facettes de la relation amoureuse.

Autour d'Anna et de Lévine gravite toute une société à laquelle on finit par s'attacher. A travers ces intrigues, on suit ainsi une quinzaine de personnages très travaillés. Tolstoï réussit à nous faire connaître leur personnalité dans ses moindres recoins. Sans jamais tomber dans l'outrancier ou le jugement facile, il se contente de montrer en toute simplicité. Anna est ainsi le prototype même de l'héroïne tragique. Elle ne m'est jamais apparue aussi magnifique que quand elle choisit de vivre intensément  sa passion et de tourner le dos à l'hypocrisie de la bonne société russe, malgré les tourments et les questionnements qui agitent son esprit. Ses inquiétudes, puis sa paranoïa, m'ont en revanche moins parlé. Quant à Kitty, bien qu'un brin naïve, elle reste très touchante. Alexis Karénine m'a agacé par son étroitesse d'esprit, mais j'ai néanmoins ressenti énormément de pitié à son égard. Tiraillé entre ses sentiments, la religion et son besoin de notoriété, il cache derrière sa froideur une indécision somme toute compréhensible. Et au chevet d'Anna, il a su m'émouvoir. Vronski, au contraire, n'a jamais trouvé grâce à mes yeux. Falot et moins développé que les autres personnages masculins, il est dur d'avoir de la sympathie pour lui. J'ai eu bien plus d'empathie pour le débonnaire Stepane Arcadievitch, hédoniste, coureur de jupons, et qui ne doit sa réussite qu'à ses relations. Avec Lévine, il reste une de mes figures préférées. Ce dernier m'a d'ailleurs plu dès le début et j'ai pris énormément de plaisir à suivre son évolution au fil des pages, dans sa quête de sens et de justice comme dans le développement de ses sentiments amoureux. Soucieux de mener une existence utile, il se fait l'alter ego de Tolstoï dans ses réflexions.

L'auteur nous transporte avec beaucoup de facilité dans l'intimité de cette noblesse dont il met à nue toutes les contradictions. Là encore, beaucoup de sobriété et peu de longues dissertations. Comme dans Jane Austen, les personnages parlent d'eux même. Et de Moscou à St-Petersburg en passant par la campagne et même quelques communautés expatriées, Tolstoï nous dépeint la Russie telle qu'elle lui apparaît en cette fin de XIXème siècle. C'est une fresque d'une grande richesse qui nous est ici offerte. Ainsi se mêlent dîners bourgeois citadins, simplicité de la vie paysanne, scènes de bal et de chasse et immensité et rudesse des campagnes. Qui de plus est, le roman est alimenté par les réflexions des personnages rendant compte de la réalité politique, économique et religieuse de l'époque. Et si ces envolés agronomiques et philosophiques m'ont souvent ennuyées, elles n'en contribuent pas moins à faire connaître cette Russie en plein bouleversement.

Un roman qui mêle plusieurs intrigues, dans lesquelles chacun devrait trouver son compte. En nouant plusieurs destins, Tolstoï aborde différents aspects du sentiment amoureux. Les personnages très travaillés permettent d'aborder de multiples facettes de la haute société et à travers leurs errances et leurs réflexions, c'est une fresque d'une grande richesse sur la Russie du XIXème siècle que l'auteur nous offre.


Lecture agréable

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8/20

16 commentaires

  1. Réponses
    1. Merci ! J'espère que quand tu tentera le coup ça te plaira.

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  2. Je t'ai lue en diagonale car je vais le lire cette année, mais je dois dire que j'ai un peu peur de m'y atteler ! Bon je repasserai plus longuement lorsque je l'aurai lu... dans quelques mois ! :)

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    1. Honnêtement, j'ai beau lui reconnaître plein de qualités ça reste une lecture un brin laborieuse pour moi. Je crois que le mieux quand on s'y met c'est de ne pas laisser trop traîner, pas comme j'ai fait ;)

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    2. Comme toi, j'ai mis malheureusement longtemps à le lire mais c'est vrai que c'est une belle oeuvre. Paradoxalement, j'ai beaucoup aimé alors que je n'ai pas aimé Anna, Vronski ou en encore Alexis Karenine. Mais j'ai trouvé Levine très attachant, c'est aussi mon personnage préféré.

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  3. Il est dans ma PAL ! Enfin ! Enfin ! Enfin ! :D
    Je suis allée en librairie samedi dernier, je n'avais jamais pensé avant à regarder s'il était disponible mais bon, vu le succès de Tolstoï, je l'ai trouvé sans souci. J'ai hâte de le lire maintenant.

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    1. Oui en plus la sortie du film l'a propulsé en tête de gondole dans les librairies. J'espère qu'il te plaira et que tu ne te laissera pas décourager par la taille.

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    2. J'espère qu'il te plaira A-Little ! :D

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  4. Ah je fais passer mes partenariats avant cette longue lecture! vu les avis que je croise, j'ai très envie de le lire! :)

    Merci,
    Pauline,
    Entre Les Pages : http://areader.over-blog.com/

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    1. Oh oui, une longue lecture, qu'il est facile de laisser traîner. Tu fais bien de te dégager une plage de disponibilité pour ce roman. Merci de ton passage.

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  5. Je t'ai lue un peu en diagonale également, mais ça m'a rappelée quand même ce qu'il peut y avoir à la clé au terme de cette lecture. Je l'ai peut-être mise légèrement de côté pour le moment, mais je compte bien profiter de mon prochain élan d'enthousiasme pour y aller jusqu'au bout
    Bises

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    1. Oui un élan d'enthousiasme c'est tout ce qu'il faut. Après comme je disais, j'ai beau lui reconnaître plein de qualités, ça a quand même été laborieux comme lecture et je me suis ennuyée par moment. Mais dans l'ensemble : agréable.

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  6. Je suis contente qu'il t'ait plu, Gilwen ! C'est une des oeuvres les plus riches qu'il m'a été donné de lire. Je le relirai, dans quelques années, avec grand plaisir.

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    1. :D Oui très riche, mais je crois que je n'ai pas accroché autant que j'aurais dû à l'histoire d'Anna et Vronsky. En fait je dirai que c'est une oeuvre très riche et intéressante, mais dont les histoires ne m'ont pas toujours transportée.

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  7. Réponses
    1. C'est le grand drame avec les blogs. Ils donnent plein d'envies et on a jamais assez de temps pour tout lire ;)

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