Les Seigneurs de Bohen
d'Estelle Faye
Editions Critic (2017)
612 pages
612 pages
Comédienne et romancière française, Estelle Faye vit en banlieue parisienne. Sa première publication a été une nouvelle dans l'anthologie Dragons publiée par Calmann-Lévy. Elle a depuis publié plusieurs romans de fantasy et un de SF.
Synopsis
Je vais vous raconter comment l’Empire est mort.
L’Empire de Bohen, le plus puissant jamais connu, qui tirait sa richesse du lirium, ce métal aux reflets d’étoile, que les nomades de ma steppe appellent le sang blanc du monde. Un Empire fort de dix siècles d’existence, qui dans son aveuglement se croyait éternel.
J’évoquerai pour vous les héros qui provoquèrent sa chute. Vous ne trouverez parmi eux ni grands seigneurs, ni sages conseillers, ni splendides princesses, ni nobles chevaliers... Non, je vais vous narrer les hauts faits de Sainte-Étoile, l’escrimeur errant au passé trouble, persuadé de porter un monstre dans son crâne. De Maëve la morguenne, la sorcière des ports des Havres, qui voulait libérer les océans. De Wens, le clerc de notaire, condamné à l’enfer des mines et qui dans les ténèbres découvrit une nouvelle voie... Et de tant d’autres encore, de ceux dont le monde n’attendait rien, mais qui malgré cela y laissèrent leur empreinte.
Et le vent emportera mes mots sur la steppe. Le vent, au-delà, les murmurera dans Bohen. Avec un peu de chance, le monde se souviendra.
Mon avis
J’ai découvert il y a un peu plus d’un an la plume d’Estelle Faye avec la trilogie La Voie des Oracles, dont chaque tome a été un coup de cœur à sa façon. Quand j’ai vu que le blog Book en Stock organisait un "Mois de...'" dédié à l’auteure et proposait dans ce cadre un partenariat permettant de lire Les Seigneurs de Bohen, j’ai sauté sur l’occasion et ai eu la chance d’être sélectionnée. Je ne remercierai jamais assez Dup, Phooka et les éditions Critic pour cette opportunité.
Car voyez-vous mes enfants, ce livre a été une grosse claque. Rien qu’à relire la quatrième de couverture, j’en ai des frissons et je sens que je vais peiner à trouver mes mots pour vous parler de ce roman. Chez moi, l’éloquence est inversement proportionnelle à la force du coup de cœur. Allez comprendre. Sachez en tout cas que je n’ai pas vu ces 600 pages passer et que j’aurais pu continuer l’aventure des heures durant.
Ce livre, c’est avant tout une plume de toute beauté. Je l’avais déjà beaucoup aimée dans La Voie des Oracles, mais elle m’a ici véritablement envoûtée. Soignée, poétique, immersive... elle laisse la part belle à des descriptions qui en à peine quelques mots vous font sentir les embruns sur votre visage, l’âpreté du sang et de la poudre ou la touffeur d’un marécage.
C’est tout un univers également, un Empire au bord du gouffre, la fin annoncée d’une époque, la montée d’un sentiment révolutionnaire, un moment riche en possibilités où magie et premières technologies se côtoient. Comme dans La Voie des Oracles, on est ici plongé dans une période charnière, un monde en transition qui, je trouve, permet énormément de choses.
Bohen offre ainsi un contexte d’une grande richesse. Si l’inspiration semble parfois slave (et encore, je suis loin d’être spécialiste), les genres s’y mélangent souvent avec beaucoup d’originalité. Estelle Faye nous fait ici découvrir plusieurs régions de ce vaste ensemble, chacune avec une atmosphère, une identité différente. Les croyances y varient, tout comme les paysages, les groupes sociaux ou les éléments surnaturels, mais le tout n’est jamais indigeste pour autant. Je ne peux qu’admirer la finesse avec laquelle l’auteure nous présente tout cela. Tout est ici dans les détails, des touches subtiles qui donnent beaucoup d’épaisseur à cet univers.
On le découvre par petits bouts, au gré des pérégrinations des personnages. Les Seigneurs de Bohen mêle ainsi plusieurs destins, certains liés, d’autres non, mais qui tous pousseront l’Empire sur la voie du changement. De rencontres en coups du sort, Estelle Faye y tisse avec habileté une toile qui ne peut qu’entraîner. La tension y monte doucement, incitant le lecteur à toujours tourner plus les pages. Mais l’histoire a beau être épique, elle a aussi un côté intime et se révèle riche en émotions. Oui il y est question de révolution, de combats et grands idéaux, mais il y est également (et peut-être avant tout) question de personnages et de leurs sentiments, quels qu’ils soient.
Ce sont eux qui pour moi portent le livre. Si forts, si charismatiques, si normaux aussi... ils nous offrent un bel échantillon de facettes. Loin des clichés de la fantasy, ils sont croqués avec beaucoup de réalisme. Ce ne sont pas des héros sans peur et sans reproche, des personnages aussi parfaits qu’aseptisés. Non, les protagonistes de Bohen vibrent de toute leur humanité. Ils doutent, craignent et se plantent comme tout le monde. Animés par leurs rêves et leurs angoisses, leur désir de s’en sortir, c’est pour certains sans s’en rendre compte qu’ils pousseront l’Empire à sa perte.
Tous m’ont ému à leur façon, voire arraché quelques larmes. Qu’il s’agisse de Saint-Etoile, bretteur vagabond au passé nébuleux et Mordred, son démon intérieur aux réflexions si savoureuses (que je n’ai pu m’empêcher d’imaginer sous les traits de Murray, le crâne de Monkey Island) ; de Maëve, la sorcière dont le cœur s’attache facilement, mais n’appartient qu’à la mer ; de Wens et Janosh, ce duo fascinant ; de Sorenz le chien de guerre et sa beauté ambiguë ; et de tant d’autres encore que l’on suit le temps d’un instant, tous sont terriblement attachants.
J’aurais pu les accompagner encore des heures, je crois, et j’espère qu’Estelle Faye laissera à nouveau les vents de Bohen l’emporter
Car voyez-vous mes enfants, ce livre a été une grosse claque. Rien qu’à relire la quatrième de couverture, j’en ai des frissons et je sens que je vais peiner à trouver mes mots pour vous parler de ce roman. Chez moi, l’éloquence est inversement proportionnelle à la force du coup de cœur. Allez comprendre. Sachez en tout cas que je n’ai pas vu ces 600 pages passer et que j’aurais pu continuer l’aventure des heures durant.
Ce livre, c’est avant tout une plume de toute beauté. Je l’avais déjà beaucoup aimée dans La Voie des Oracles, mais elle m’a ici véritablement envoûtée. Soignée, poétique, immersive... elle laisse la part belle à des descriptions qui en à peine quelques mots vous font sentir les embruns sur votre visage, l’âpreté du sang et de la poudre ou la touffeur d’un marécage.
C’est tout un univers également, un Empire au bord du gouffre, la fin annoncée d’une époque, la montée d’un sentiment révolutionnaire, un moment riche en possibilités où magie et premières technologies se côtoient. Comme dans La Voie des Oracles, on est ici plongé dans une période charnière, un monde en transition qui, je trouve, permet énormément de choses.
Bohen offre ainsi un contexte d’une grande richesse. Si l’inspiration semble parfois slave (et encore, je suis loin d’être spécialiste), les genres s’y mélangent souvent avec beaucoup d’originalité. Estelle Faye nous fait ici découvrir plusieurs régions de ce vaste ensemble, chacune avec une atmosphère, une identité différente. Les croyances y varient, tout comme les paysages, les groupes sociaux ou les éléments surnaturels, mais le tout n’est jamais indigeste pour autant. Je ne peux qu’admirer la finesse avec laquelle l’auteure nous présente tout cela. Tout est ici dans les détails, des touches subtiles qui donnent beaucoup d’épaisseur à cet univers.
On le découvre par petits bouts, au gré des pérégrinations des personnages. Les Seigneurs de Bohen mêle ainsi plusieurs destins, certains liés, d’autres non, mais qui tous pousseront l’Empire sur la voie du changement. De rencontres en coups du sort, Estelle Faye y tisse avec habileté une toile qui ne peut qu’entraîner. La tension y monte doucement, incitant le lecteur à toujours tourner plus les pages. Mais l’histoire a beau être épique, elle a aussi un côté intime et se révèle riche en émotions. Oui il y est question de révolution, de combats et grands idéaux, mais il y est également (et peut-être avant tout) question de personnages et de leurs sentiments, quels qu’ils soient.
Ce sont eux qui pour moi portent le livre. Si forts, si charismatiques, si normaux aussi... ils nous offrent un bel échantillon de facettes. Loin des clichés de la fantasy, ils sont croqués avec beaucoup de réalisme. Ce ne sont pas des héros sans peur et sans reproche, des personnages aussi parfaits qu’aseptisés. Non, les protagonistes de Bohen vibrent de toute leur humanité. Ils doutent, craignent et se plantent comme tout le monde. Animés par leurs rêves et leurs angoisses, leur désir de s’en sortir, c’est pour certains sans s’en rendre compte qu’ils pousseront l’Empire à sa perte.
Tous m’ont ému à leur façon, voire arraché quelques larmes. Qu’il s’agisse de Saint-Etoile, bretteur vagabond au passé nébuleux et Mordred, son démon intérieur aux réflexions si savoureuses (que je n’ai pu m’empêcher d’imaginer sous les traits de Murray, le crâne de Monkey Island) ; de Maëve, la sorcière dont le cœur s’attache facilement, mais n’appartient qu’à la mer ; de Wens et Janosh, ce duo fascinant ; de Sorenz le chien de guerre et sa beauté ambiguë ; et de tant d’autres encore que l’on suit le temps d’un instant, tous sont terriblement attachants.
J’aurais pu les accompagner encore des heures, je crois, et j’espère qu’Estelle Faye laissera à nouveau les vents de Bohen l’emporter
En bref...
Une grosse, grosse claque. Soignée, poétique, immersive... la plume d'Estelle Faye m'a ici complètement envoûtée. Elle nous dépeint un monde d'une grande richesse, à une période charnière remplie de possibilités. On y découvre plusieurs régions, chacune avec une atmosphère, une identité différente. L'ensemble n'est jamais indigeste pour autant. Tout est ici dans les détails, des touches subtiles qui donnent beaucoup d’épaisseur à cet univers. On le découvre par petits bouts, au gré des pérégrinations des personnages. L'auteure tisse ici avec habileté une toile de destins qui ne peut qu’entraîner. La tension y monte doucement, incitant le lecteur à toujours tourner plus les pages. Mais l’histoire a beau être épique, elle a aussi un côté intime et se révèle riche en émotions. Avant d'être question de révolution et de grand idéaux, il est question d'humains et de leurs sentiments, quels qu'ils soient. Ces personnages si charismatiques, ce sont eux qui pour moi portent réellement le livre. Loin des clichés de la fantasy, ils sont croqués avec beaucoup de réalisme et se révèlent terriblement attachants. J'aurais pu les suivre encore des heures, je crois.
Une grosse, grosse claque. Soignée, poétique, immersive... la plume d'Estelle Faye m'a ici complètement envoûtée. Elle nous dépeint un monde d'une grande richesse, à une période charnière remplie de possibilités. On y découvre plusieurs régions, chacune avec une atmosphère, une identité différente. L'ensemble n'est jamais indigeste pour autant. Tout est ici dans les détails, des touches subtiles qui donnent beaucoup d’épaisseur à cet univers. On le découvre par petits bouts, au gré des pérégrinations des personnages. L'auteure tisse ici avec habileté une toile de destins qui ne peut qu’entraîner. La tension y monte doucement, incitant le lecteur à toujours tourner plus les pages. Mais l’histoire a beau être épique, elle a aussi un côté intime et se révèle riche en émotions. Avant d'être question de révolution et de grand idéaux, il est question d'humains et de leurs sentiments, quels qu'ils soient. Ces personnages si charismatiques, ce sont eux qui pour moi portent réellement le livre. Loin des clichés de la fantasy, ils sont croqués avec beaucoup de réalisme et se révèlent terriblement attachants. J'aurais pu les suivre encore des heures, je crois.
Un jour il faudra que je tente cette auteure aprés tout ce que tu en dis
RépondreSupprimerMais trop !!!! Celui là est peut être un peu trop costaud pour toi qui n'est pas fan de fantasy, mais je suis sûre que La Voie des Oracles te plaira.
SupprimerTu le vends super bien, mais je t'avoue que le premier tome de la Voie des Oracles n'est pas un coup de coeur pour l'instant, alors je vais déjà terminer ça avant d'envisager autre chose d'elle :)
RépondreSupprimerPS : il y a une petite faute dans son nom dans ton "En Bref" ;)
Ah mince, j'avais adoré perso La Voie des Oracles. Merci pour la notif sur la faute, je l'avais remarquée à la relecture et j'étais persuadée de l'avoir modifiée, mais la fourbe s'est incrustée ^^
SupprimerJe passe par ici un peu tard car le mois d'Estelle est fini et comme toi, j'ai été subjugué par sa plume ! J'espère qu'elle développera certains personnages, je vais la suivre de près moi aussi !
RépondreSupprimerOh oui, une fois refermée on se dit. Mais mais, je veux continuer à les suivre ces personnages, voguer sur des mers lointaines, me perdre dans une taverne enfumée, errer dans les corridors du pouvoir ...
SupprimerEn attendant je vais découvrir d'autres titres d'Estelle. J'hésite entre Porcelaine et Un éclat de Givre pour ma prochaine lecture de l'auteure.
Il me fait très envie celui-là :)
RépondreSupprimerJe n'ai qu'un mot à dire : Fonce !!!!!!!!
SupprimerJ'ai craqué pour ce livre à Trolls & Légendes à Mons cette année. Je devais juste acheter le premier tome de La voie des oracles et puis Estelle Faye m'a parlé de celui-ci et j'ai craqué. Je ne l'ai pas encore lu car j'avoue que l'épaisseur me fait un peu peur, j'ai peur de ne pas accrocher et de trainer dans cette histoire ^^ Ta chronique me rassure beaucoup sur tout ça :D
RépondreSupprimerL'épaisseur est effectivement assez impressionnante, mais j'ai été étonnée par la facilité avec laquelle il se lit, on est vraiment emporté par l'histoire et les personnages. Et si tu as l'occasion, je te recommande également La Voie des Oracles (la trilogie avait été un beau coup de coeur chez moi également, même si pas la claque qu'a été Bohen)
SupprimerLe premier tome de La Voie des Oracles m'attend dans ma PAL :P Je l'ai aussi acheté à T&L cette année !
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