Secret McQueen débarque en VF aux éditions Alter Real et, pour fêter cela, Melliane du blog Between dreams and reality (qui est une grand fan de la saga) a organisé un blog tour sur ce premier tome.
Toute la semaine, vous avez pu lire des interviews de l'auteur, chroniques et extraits de ce T1. C'est à mon tour de m'y coller.
Mon avis sur ce premier opus a déjà été posté (c'est par ici) et je vous laisse maintenant avec un extrait du chapitre 1, concours à la suite.
Chapitre un
Dans les heures hostiles qui précédaient l’aube, une brume épaisse et humide s’était posée au-dessus des pelouses verdoyantes de Central Park. Une lune déclinante surplombait la ville tel le sourire énigmatique du chat du Cheshire. L’air printanier était assez froid pour qu’un souffle se transforme en un nuage éphémère. En suivant ces nuages avant qu’ils ne disparaissent, on pouvait retracer le parcours d’un promeneur dans la nuit noire, à travers le parc.
Le long de la célèbre Grande Pelouse, à l’intérieur de la forêt anguleuse, face à une rangée d’immeubles brillants, décor lumineux qui se détachait du paysage sombre, on pouvait voir ces nuages saccadés se déplacer précipitamment entre les branches déployées et encore dépourvues de feuilles. À quelques centimètres de ces traînées brumeuses, une jeune femme courait comme si sa vie en dépendait.
Je n’étais pas la femme en question, mais je courais aussi.
Comme une idiote, j’avais cru pouvoir faire une jolie ballade, tranquille dans Central Park, pour profiter du calme qui régnait avant l’aube, chose presque impossible dans une ville comme New York. D’habitude, les seuls moments de répit que je m’accordais étaient lorsque ma douche me fournissait un minimum de solitude. Et même dans ces moments-là, la tuyauterie de l’immeuble grinçait à chaque utilisation. La douche n’était silencieuse que lorsque l’eau était froide.
Cette nuit-là, j’avais voulu être seule dans la pénombre avant de glisser dans mon sommeil matinal habituel, mais c’était trop espérer dans une ville qui ne dormait jamais. Même si, pour moi, une nuit calme signifiait généralement me faire agresser par un sale type ou mener la vie dure à des drogués qui essayaient d’effrayer des lycéennes rebelles, j’aurais encore préféré ça à ce que j’étais obligée de faire en ce moment.
Malheureusement pour moi, et plus encore pour la fille après qui je courais, elle était poursuivie par une chose qui n’était ni amicale ni même humaine.
Elle aurait eu beau fuir à toute vitesse, les vagues de peur qui émanaient d’elle étaient si fortes que la créature qui la traquait aurait pu la retrouver n’importe où. La peur avait une odeur écœurante, pas vraiment sucrée, plutôt une odeur de vieux clou de girofle et de cuivre. Je le savais parce que je pouvais la sentir, moi aussi. Et cette odeur me provoquait des frissons qui se propageaient jusque dans ma colonne vertébrale. En moi, il y avait un prédateur qui comprenait ce que son agresseur ressentait en la traquant, une part primitive qui reconnaissait ce désir de fondre, victorieuse, sur une proie terrifiée.
Je pouvais le sentir, lui aussi, et je pouvais à présent déterminer avec certitude qu’il s’agissait d’un mâle. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’était un homme, car il ne restait plus rien de ce qu’il avait été autrefois. Il avait l’apparence d’un être humain, mais sous ce costume de chair se trouvait quelque chose de monstrueux.
Je ne sentais que sa faim irrépressible. La fille n’avait pas eu le temps de s’inquiéter : une terreur foudroyante et sauvage l’avait submergée quand il l’avait prise en chasse brusquement. C’était sa peur soudaine qui m’avait attirée. J’étais là parce que la fille était très humaine et très vulnérable, et qu’il l’avait attaquée par surprise, ce qui était contraire aux règles.
Même si cette chose était sans l’ombre d’un doute morte, je savais que si je n’étais pas plus rapide que lui, la fille gonflerait bientôt leurs rangs. Et une fois qu’elle serait des leurs, cette infraction aux lois qui régissaient les vampires de ce monde deviendrait de toute façon mon affaire. Intervenir maintenant nous ferait donc gagner du temps, à moi et à quelques vampires bureaucrates.
Au point où j’en étais, je me serais dit n’importe quoi pour justifier cette poursuite.
La fille sortit de la forêt et piqua un sprint en boitant à travers la Grande Pelouse. C’est à ce moment-là que je me rendis compte que j’avais dépassé l’agresseur. Je continuai à les suivre à travers les bois, espérant que sa faim le distrairait assez pour qu’il ne s’aperçoive pas que je m’étais invitée à sa partie de chasse. L’odeur de sang dans l’air m’apprit qu’elle s’était blessée pendant sa fuite.
Elle clopinait à travers la pelouse, car elle avait cassé le talon d’un de ses escarpins et l’autre, attaché à sa cheville uniquement par la lanière, traînait derrière elle. Elle sanglotait, étouffait ses cris, et une part de moi se nourrissait de ces bruits avec un plaisir profond. Une faim animale me poussait à être la première à l’attraper, pour pouvoir la déchiqueter et la mettre en lambeaux.
Mais je ne pouvais pas. Je n’avais jamais tué un être humain, du moins pas un être humain au sang pur, et je n’allais pas commencer cette nuit-là. Je n’étais pas une machine à tuer comme lui. J’étais tout autre chose. Il était encore plus difficile de croire à l’existence d’un être tel que moi, que de croire à celle des vampires. Ma nature me permettait malgré tout de conserver assez d’illusions sur l’humanité pour considérer que tuer des gens, du moins des gens qui ne l’avaient pas mérité, était mal.
C’était maintenant ou jamais et je la suivis hors de la forêt, en accélérant. Sans essayer d’éviter les doigts habiles des branches rendus plus tranchants par les orages d’hiver, je fus violemment fouettée au visage, mais je continuai ma course. Je courus jusqu’à ce que chaque muscle de mon corps brûle et hurle de douleur, puis, je pressai davantage l’allure. Si j’avais été humaine, je me serais écroulée, j’aurais vomi sur l’herbe et je serais restée là, allongée pendant une heure, exténuée. Mais je n’étais pas humaine et j’étais capable de finir un marathon en conservant cette allure.
Il me fallut à peine une seconde pour la rattraper, une seconde qui me parut une éternité. Il était à découvert maintenant, il était à nos trousses. Je courus encore. Je continuai ma course jusqu’à arriver à sa hauteur et l’agrippai fermement par le bras pour l’entraîner derrière moi sans ralentir. Elle cria et essaya de se débattre, me prenant pour son véritable agresseur. Alors qu’elle enfonçait ses ongles dans ma peau avec une force surprenante pour une fille aussi menue, je réalisai qu’il n’y avait qu’un seul moyen de nous en sortir tout en la gardant en vie.
J’arrêtai de courir et la giflai violemment. Sidérée, elle ne prononça pas un mot, et on s’observa un moment.
Cette fille ressemblait beaucoup à ce que j’aurais été si j’avais eu une vie normale. Elle était mince et petite, avec des cheveux blonds. Mais, contrairement à moi, le bronzage de sa peau n’était pas naturel, elle le devait sûrement aux heures passées dans un cercueil de lumière ultra-violette. Elle portait également plus de maquillage que je n’aurais jamais pensé en posséder.
— Tu dois m’écouter attentivement maintenant.
Il approchait, et vite. Je n’avais plus que quelques secondes devant moi.
— Je peux te sauver. Je peux te garder en vie.
La terreur s’effaça de son visage et fut remplacée par une émotion plus terrifiante encore : l’espoir. Je lui en avais dit assez pour qu’elle comprenne que je voulais vraiment l’aider. Et tandis qu’elle commençait à intégrer ce que je lui disais, sa prise se resserra sur mon poignet. Elle me suppliait de ses yeux grand ouverts embués de larmes. L’espoir naïf que j’y lisais me noua les tripes. Garder en vie cette version mondaine et inadaptée de moi-même était devenu ma responsabilité.
— Mais j’ai besoin que tu restes à l’écart.
J’essayai de desserrer sa prise, elle ne se laissa pas faire. Je pouvais le voir à présent, une forme floue vibrante de rage et d’énergie qui fonçait droit sur nous.
— Lâche-moi si tu veux vivre ! Lâche. Moi.
Je l’écartais avec un peu trop de vigueur. Elle trébucha et s’effondra sur le sol, mais elle sembla au moins capter ce que je disais.
— Maintenant, cours aussi vite que tu peux !
Elle recula en rampant et se releva. Après m’avoir lancé un dernier regard désespéré, elle se remit à courir, et j’eus tout juste le temps de me retourner avant d’être percutée violemment par un vampire qui me chargeait à pleine vitesse.
Si cela vous tente, n'hésitez pas à participer au concours organisé par Melliane pour remporter un exemplaire numérique (en VF) de ce premier tome. Il vous suffit de remplir le formulaire suivant (vous pouvez vous enregistrer avec votre adresse mail ou votre compte facebook).
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