À demi-mots - Tome 2 : Requiem, le langage de la musique, de Lily Haime

À demi-mots - Tome 2 : Requiem, le langage de la musique

de Lily Haime
Editions MxM Bookmark (2018)

408 pages

ebook

Lily Haime est une romancière française qui écrit également sous le nom Lily R. Davis. Le jour où elle a découvert la Nouvelle-Calédonie lors d'un séjour avec son homme, elle a eu le coup de foudre. C’est là qu’elle a donné naissance à son fils, et ils n’en sont jamais repartis. Lily aime vivre pieds nus sur son île, croiser le vieux bonhomme qui sert de perchoir à mouettes à Nouméa, chanter Saturday Night Fever à son fils quand il pleure, profiter des gens qu’elle aime et, bien sûr, tout ce qui a trait aux mots. Car Lily a grandi au milieu des livres, et l’écriture est pour elle une inépuisable source de liberté.

Quelques mots sur le recueil

Retour à la plume de Lily Haime, dont je me suis une fois de plus délectée. Romans comme novellas, aucun de ses textes ne m’a encore déçue, qu’il soit publié sous ce nom ou sous son pseudonyme Lily R. Davis. Ses mots sont emplis de justesse, notamment dans l’expression des sentiments, et débordent d’une force telle que l’émotion est à chaque fois au rendez-vous. Il y a également une musique toute particulière à ses récits, un côté un peu hypnotisant qui m’emporte toujours lors de mes lectures.

Je n’ai donc pas boudé mon plaisir et me suis précipitée sur ce nouveau titre dès que j’en ai eu l’occasion. Cerise sur le gâteau, ce recueil contient trois histoires pour le prix d’une, un court roman et deux novellas, qui permettent de découvrir des facettes différentes de l’écriture de l’autrice.

Mon avis sur chacun des textes :

Requiem

« J’aurais aimé disparaitre, me fondre parmi mes notes de musique, devenir aussi aérien, aussi intemporel. Inoubliable. »

Milli est autiste, pianiste et asthmatique. Et comme si ça ne suffisait pas, il est né un 29 février, une année bissextile.
Milli ne comprend rien aux gens. Il ne comprend rien de lui, non plus. La seule chose qui ait du sens, c’est la musique. Elle a toujours su dire les choses, bien mieux que lui. Qu’elle soit douce ou violente, qu’elle fasse rire ou pleurer, elle reste parfaite.
Comme Logan…

« Ces mots-là — ces notes — je savais les prononcer. C’était le seul langage avec lequel j’étais certain de ne pas me tromper. »

Un très beau texte, une fois de plus, dont le héros m’a complètement séduite. Milli est peut-être à ce jour le plus touchant des personnages de Lily Haime. Entre ses peurs, sa différence, son rapport à cette musique qui l’emplit, cette façon qu’a Logan de le hanter... il y a une vulnérabilité chez lui qui le rend très attachant.

Il habite de plus réellement le récit, j’ai trouvé. Le texte a en effet sa propre musicalité, rythmé par les pensées de Milli, des mots comme des envolées, des notes qui jaillissent sans crier gare et se figent en plein cœur.

La romance, elle, est d’une belle douceur, toute en touches délicates. Elle emporte pourtant loin au niveau des sentiments, en un joli petit cyclone d'émotions. Et une nouvelle fois on retrouve dans cette histoire des thématiques chères à l’autrice, comme celle de la famille par exemple, des liens qui plongent dans un petit cocon et mettent le sourire aux lèvres.

Illusion

Nous leur avons menti. À tous…

À l’abri du Dôme, Ezra et Maixent vivent à l’abri des meutes, des animaux féroces et agressifs qui ont survécu au monde d’Avant pour mieux plonger dans la barbarie. Au sein de leur Communauté, trois proscriptions règnent. Se déconnecter du Réseau auquel tous sont reliés, vivant en complète transparence les uns avec les autres. Tenter de sortir du Dôme. Aimer quelqu’un du même sexe.

Mais quand les sentiments s’en mêlent et que les illusions tombent, tout bascule.

Avec ce texte, Lily Haime part dans un genre différent. J’avais déjà beaucoup aimé ce que j’avais découvert dans son roman d’urban fantasy à quatre mains avec Rohan Lockhart (Les Nébuleux #1, bientôt réédité sous le titre Smoke & Mirrors #1 chez Milady), et cela a été un réel plaisir de repartir en sa compagnie en terres imaginaires.

Dystopie au programme dans cette novella, avec un univers plein de faux semblants que j’adorerais voir repris dans un roman plus conséquent. Je reste scotchée par la facilité avec laquelle l’autrice a réussi à nous présenter autant d’éléments en si peu de pages. Il y a vraiment une belle richesse ici, que j’aimerais beaucoup retrouver dans un récit plus long. Et si l’histoire est parfois un peu rapide dans ses développements, elle reste quand même hyper entraînante et très émouvante.

La lettre

Il suffit d’une lettre pour tout changer...

Brillant étudiant de Princeton, Harley Nelson, fils de bikers, a un avenir tout tracé. Son diplôme en poche, il rejoindra Harvard pour un second cycle d’études, et y retrouvera Brody avec lequel il est en couple depuis plusieurs années. Tout est planifié, sauf les sentiments qu’Harley a peu à peu développés pour son colocataire, Phoenix.

Quand Harley reçoit sa lettre d’admission à Harvard, il est perdu.

Un court texte new adult qui m’a envoûtée dès les premières pages. Je l’avais déjà lu l’année dernière, mais je me suis replongée dedans avec beaucoup de plaisir. Les points de vue y alternent, pour une romance magnifique, assaisonnée de juste ce qu’il faut de famille et d’amitié.

C’est une histoire toute en petites touches que Lily Haime nous livre ici, où rien n’est superflu. Une histoire de secrets, de piège que l’on se crée et qui se referme malgré nous, un récit qui dégage énormément d’émotion. Beaucoup de puissance pourtant, pour un texte si court. La novella en romance a beau être un format avec lequel j’ai souvent du mal, Lily Haime arrive à me le faire apprécier. Cela fait partie de sa magie.