Delirium, Tome 2 - Pandemonium, de Lauren Oliver

Delirium, Tome 2 - Pandemonium

de Lauren Oliver

Editions Harper Collins (2012)
Publié en France aux Editions Hachette (Black Moon)
375 pages 

ebook

Lauren Oliver est une romancière américaine née en 1982 et connue pour ses ouvrages jeunesse et YA. Après avoir étudié la philosophie et la littérature, elle travaille brièvement dans le monde de l'édition avant de se consacrer à l'écriture à plein temps.   

ATTENTION, SPOILERS SUR LE TOME PRÉCÉDENT!

Synopsis

Lena a découvert avec Alex ce sentiment interdit qu'est l'amour. Ensemble ils se sont enfuis, déterminés à gagner la Nature pour vivre leur passion. Mais seule Lena est parvenue à franchir la frontière. Sans savoir si Alex est encore vivant. Aujourd'hui Lena a rejoint la résistance. Elle se voit confier une mission qui pourrait bien lui coûter la vie. Mais une nouvelle rencontre vient remettre en question tous ses principes. Se battre pour avoir le droit d'aimer : cela a-t-il vraiment un sens ? Imaginez qu'on vous prive de tout sentiment. Que la liberté ne soit plus qu'un vieux souvenir dénué de sens. Jusqu'où iriez-vous pour garder le droit d'aimer ?

Mon avis

Malgré quelques longueurs, j’avais eu un gros coup de cœur pour Delirium, qui m’avait fait passer par toute une gamme d’émotions, m’arrachant même quelques larmes à la fin. Je n’ai donc pas attendu bien longtemps avant de me lancer dans la suite.

Pandemonium permet tout d’abord d’approfondir notre connaissance de l’univers dans lequel évolue Lena. Grâce à des chapitres dépeignant la vie quotidienne des Invalides dans la Nature, on a une vision un peu plus globale de ce monde. L’auteure s’attache aussi à nous montrer l’envers du décor, qu’il s’agisse des horreurs perpétrées au nom d’une idéologie ou encore des agissements parfois discutables des rebelles, avec sans cesse une question qui revient: peut-on sacrifier des gens pour assurer le bonheur du plus grand nombre? C’est donc un tome un peu plus sombre qui nous est ici offert et qui colle bien avec l’univers dystopique. Mais à la tension permanente et impalpable du premier tome succède une violence plus affichée ainsi que la menace de la manipulation alors que la résistance se fait plus active, laissant présager pas mal de rebondissements pour la suite.

L’intrigue prend également une tournure nouvelle. Lauren Oliver a fait le choix d’un rythme bien plus dynamique. Elle nous propose une alternance de chapitres, entre la vie de Lena 6 mois après les évènements du tome 1, alors qu’elle fait partie de la résistance et a repris une vie sous couverture à New York, et la période écoulée entre temps, présentant son existence dans la Nature et la manière dont la jeune femme a peu à peu évolué. L’alternance est intéressante et contribue bien au dynamisme, mais elle laisse quelque part l’impression d’écouter l’histoire de deux Lena différentes et coupe parfois l’élan du lecteur. Les coupures permettent également de ménager pas mal d’instants de suspens. Avide de révélations et suspendu aux évènements, le lecteur est entraîné dans une suite de péripéties un brin prévisibles mais très haletantes. Le cliffhanger final, même si je m'y attendais, m'a fait quand même hurler.

Malheureusement, ce choix de l’action se fait au détriment de l’émotion. Certes, l’auteure nous fait toujours profiter de son style simple et poétique et les pages se tournent à toute vitesse. Sa plume arrive avec toujours autant de justesse à nous faire ressentir tout la palette de sentiments par laquelle Lena passe, mais elle leur laisse tout simplement moins de place pour se développer. Au final, le lecteur peine un peu à s’impliquer émotionnellement. Moins de longueurs donc, mais le cœur qui bat également moins à la chamade.

Il est quand même facile de se laisser aller à suivre Lena, avec toute l’empathie dont on est capable. Elle nous revient ici bien plus mature que dans le premier volume. En survivant avec les Invalides dans la Nature, elle s’est peu à peu forgée un caractère plus dur, ne croyant plus aveuglément tout ce qu’on lui raconte. Prête à prendre ses propres décisions et à tracer son chemin, elle conserve à l’arrière de ses pensées l’idée que c’est ce qu’Alex aurait voulu pour elle. C’est difficilement qu’elle se remet de sa disparition. Alors qu’elle se pousse à aller de l’avant, il erre sans cesse auprès d’elle comme une ombre du passé. Et même si l’auteure ménage ici moins de place pour ces sentiments, elle arrive néanmoins à nous faire un peu vibrer au rythme des émotions de la jeune femme, avec même quelques instants très poignants (je pense par exemple à sa reconstruction par la course à pied). On la suit ainsi au fil de différentes phases, de la tristesse à la colère, puis alors qu’elle se radoucit peu à peu au contact de Julian. Les rôles sont ici inversés par rapport au tome 1, puisque c’est Lena qui va élargir l’horizon du jeune homme. Celui-ci se dévoile peu à peu, montrant une facette bien moins insensible qu’il n’y paraît et apprend à comprendre et tolérer. Il est au final assez touchant, même si bien moins charismatique qu’Alex. J’ai d’ailleurs eu du mal avec l’évolution leur relation que je trouve un peu rapide et maladroite et qui m’a bien moins émue que la romance du premier volume. J’ai beau comprendre le besoin qu’a Léna de guérir et de s’attacher à quelqu’un d’autre, tout cela me donne un peu l’impression que l’auteur a précipité les choses pour les besoins scénaristiques de l’opus suivant. Les autres personnages ne laissent pas forcément le temps de s’attacher à eux, pas comme Hanna dans le tome 1. Les Invalides se succèdent sans jamais vraiment s’arrêter, à part peut-être Raven, mais qui est terriblement dure à cerner, entre autorité, froideur et bienveillance.

C’est avec beaucoup de plaisir que l’on retrouve Lena et son univers ici bien approfondi. L’auteure prend dans ce volume le parti de l’action, pour un second volume très haletant, mais moins poignant et prenant émotionnellement que le premier. Divertissant donc, mais qui laisse bien plus le cœur au repos. La fin, même si quelque part un peu attendue, ne donne qu’une envie, lire la suite.

Lecture agréable

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9/20