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Espérer le soleil de Nelly Chadour


Espérer le soleil
de Nelly Chadour
Les moutons électriques (2017)
256 pages


Née un 8 février comme Jules Verne, Nelly Chadour a étudié la littérature à Nantes et vit en région parisienne avec ses deux chats, ses livres, ses tatouages et sa radio dégueulant de la musique qui endurcit les mœurs.

Après avoir versé dans l'horreur épidermique avec Sous la Peau chez Trash éditions, et après la saga des aventures de Diane d'Aventin chez Le Carnoplaste, voici qu'elle invente une percutante uchronie post-apocalyptique.

Synopsis

La Grande Peste Noire. Le Grand Incendie. Le Blitz orchestré par les nazis. La Bombe de Staline… Londres a survécu à tout. En 1951, isolée dans la gangue glacée de la nuit nucléaire, la cité millénaire et ses habitants tentent de vivre comme avant. Malgré les radiations, les Rôdeurs de la Nuit, et eux-mêmes.

Quand des enfants de quartiers pauvres sont enlevés par une étrange entité aux yeux incandescents, les tensions éclatent et les destins s'entrecroisent. Ainsi Vassilissa, vampire russe obligée de traquer ses semblables sous les ordres des autorités britanniques ; Satinder, jeune fille sikhe qui n'a pu empêcher la disparition de ses petits frères ; Jaime, ancien résistant espagnol désormais voué au crime organisé ou Gwen, belle héritière blessée au plus profond de sa chair et de son âme. Sous l'objectif du photographe américain Arthur Smitty se succèdent émeutes et révoltes d'une population dont le rêve impossible est de revoir le soleil une dernière fois.

Mon avis

Achat impromptu aux dernières Imaginales (Melchior Ascaride devrait envisager de se reconvertir comme attaché de presse, il fait vraiment bien l’article) et je ne le regrette pas un instant. Espérer le Soleil est le genre de petit ovni très entraînant.

Dans un Londres uchronique qui a survécu au Blitz pour mieux se prendre en pleine face les envies de grandeur atomique de Staline, l’hiver nucléaire règne. Seul vestige apparemment debout d’un monde révolu, les îles Britanniques voient venir à elles un flux constant de réfugiés. Mais parmi eux se glissent des migrants d’un nouveau genre, des monstres oubliés que les ombres ont fait resurgir : les vampires. Ils ne sont pourtant pas la seule menace que connaît la capitale anglaise en ce début des années 50. En effet, les enfants de la ville disparaissent peu à peu, enlevés par une étrange créature incandescente.

Sombre à souhait, angoissante même, cette version de Londres a pourtant quelque chose d’envoûtant. J’ai aimé m’y plonger, frémir le temps d’un instant et en découvrir les secrets. Il a un côté très mélancolique à l’atmosphère qui règne dans ce roman, je trouve, qui a su me charmer. Et entre montée de la haine et tensions sociales, la société ici décrite se fait quelque part l’écho de la nôtre.

C’est peut-être cela qui rend cette histoire si tangible, ou alors le fait que tout fantasmé qu’il soit, ce Londres uchronique n’en est pas moins solide. Qu’il s’agisse des points divergents avec notre passé ou d’ingrédients plus surnaturels, le côté post-apocalyptique tient la route. Plusieurs mythes sont d’ailleurs revisités de façon assez originale. Celui du vampire évidemment, mais aussi des éléments de la mythologie hindoue. On y retrouve même un genre de Peter Pan sous acide et laissez-moi vous dire que cela déménage.

Je suis rentré dans le roman avec beaucoup de facilité, bien plus que ce que j’escomptais. J’ai parfois du mal avec le trop dur, trop dark, mais il y a ici aussi un côté un peu piquant dans la plume de l’autrice qui allège les choses. Je me suis retrouvée complètement happée par l’histoire.

Ces destins qui s’entremêlent sont terriblement entraînants et réservent moult surprises. Les arcs narratifs se chevauchent d'ailleurs avec une étonnante fluidité. Ils donnent à l’intrigue un rythme énergique, contrebalancés par juste ce qu'il faut d'interludes plus introspectifs. 

C’est à travers eux que l’on apprend le mieux à connaître ces personnages d’une belle complexité. Je les ai trouvés pleins de justesse, les petits comme les grands. Ils dégagent en cela une palette d’émotions qui m’a plusieurs fois beaucoup touchée... sans que je l’aie vu venir



En bref...

Inclassable et aussi émouvant qu'entraînant. Du postap, du Londres uchronique, de l'hiver nucléaire, des vampires, un Peter Pan qui pète le feu et une louche de mythologie hindoue... on dirait presque un inventaire à la Prévert et bon sang que c'est efficace. Bref, on a fait péter l'hémoglobine pour une lecture commune et ça dépote.


J'ai beaucoup aimé

En LC avec Koré (avis à venir)

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6 commentaires

  1. Il me tente vraiment beaucoup ! Je n'ai pas su le sortir de ma PAL finalement pour le Pumpkin Autumn challenge mais je l'en sortirais peut-être bientôt je l'espère :)

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    1. Si tu as l'occasion, franchement n'hésite pas. Cela a été une belle petite surprise, je ne m'attendais pas à accrocher autant (j'avais peur que le côté sombre m'empêche de rentrer dedans, alors que ça n'a pas été du tout le cas).

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  2. Ah sympa ça ! J'avoue que c'est la première fois que j'en entends parler

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    1. Je l'ai découvert aux Imaginales sur le stand de l'éditeur et pareil avant ça je n'en avais jamais entendu parler et pourtant il est sorti en septembre 2017 je crois. C'est dommage, car c'est vraiment un chouette roman.

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