Anthologie des Imaginales 2019 - Natures, sous la direction de Stéphanie Nicot

Anthologie des Imaginales 2019 - Natures

sous la direction de Stéphanie Nicot
Éditions Mnemos (2019)

288 pages

Les auteurices : Claire & Robert Belmas, Charlotte Bousquet, David Bry, Grégory Da Rosa, Jean-Laurent Del Socorro, Estelle Faye, Loïc Henry, Ariel Holzl, Vincent Mondiot, Stefan Platteau, Jean Pruvost, Ketty Steward, Philippe Tessier, Estelle Vagner, Aurélie Welllenstein.

Synopsis

Arbres insurgés (Je suis forêt) et dieu des eaux déprimé (Mal de mer), affrontement d'alpinistes-sorciers sur les pentes de l'Himalaya (Les Enfants d'Inanna) et lutte désespérée contre un désastre écologique (La Lumière de Malia), ou animaux annonçant le début des représailles (La Mer monte), les récits proposés par les seize auteurs de l'anthologie des Imaginales 2019 nous rappellent que la nature est belle, mais fragile, et qu'il va falloir se battre pour la protéger.

Entre crise intérieure (La Traversée du désert) et loup-garou en fuite (L'âme et le coeur), petite fille discriminée (Comme ça) et dystopie cruelle (Seigneur de Colère), ou ruines hantées par le souvenir d'un animal féroce (Qui se souvient des hômlas ?), Natures nous annonce que, si le passé n'a pas toujours été facile, le futur risque d'être pire encore. Préparons-nous à la grande pandémie (Malaria), essayons de ne pas oublier d'où nous venons (Par-delà les ruines), et fuyons à temps une Terre bientôt ravagée (Jardins).

Pourtant, ici ou là, l'espoir en l'être humain persiste : Armée d'un livre et d'un crayon, une petite fille trace une voie. Résistance !

Mon avis

L'anthologie des Imaginales, mon petit rendez-vous annuel, qui me sert en général à passer l'automne au rythme d'un texte ou deux par semaine, partir à la découverte de nouvelles plumes, retrouver de vieilles amies, et accessoirement valider la lettre X du challenge ABC. Une formule qui jusqu'à maintenant ne m'a jamais déçue.

Au programme cette année : Natures, au sens large du terme. L'anthologie a pour ce dixième anniversaire adopté un découpage thématique. Y sont regroupés les textes ayant trait à la nature sauvage tout d'abord, la nature humaine ensuite, avant d'aborder l'ailleurs et demain. Entre évasion et réflexion, il y en a pour tous les goûts, même si beaucoup de textes sont empreints d'une tonalité assez sombre. Je vous propose un rapide tour de piste.

💜 Je suis forêt de David Bry : on commence fort ici, avec un texte puissant. Percutant et immersif, il m’a beaucoup touchée. L'auteur coup de cœur des Imaginales 2019 nous livre une histoire où nature et homme s’entrechoquent, une petite fille et son père piégés au cœur de l’affrontement.

Mal de mer de Ketty Steward : une magie inspirée des légendes des Antilles au programme, et qui change de ce qu’on peut voir d’habitude dans l'imaginaire francophones. Le format façon conte est très plaisant, mais je suis restée sur sa faim, malgré le beau message de fin.

💜La mer monte d'Aurélie Wellenstein : glaçant, étrangement perturbant, un concentré fantastique très efficace qui donne largement matière à réfléchir. Il me donne terriblement envie de lire Mers Mortes.

💜Les enfants d’Inanna de Stefan Platteau : un récit puissant et bourré de tension qui entraîne à l'attaque des sommets himalayens, aux côtés d'alpinistes aux pouvoirs effrayants. Je l’ai dévoré d'une traite, complètement happée par l'histoire.

La lumière de Malia de Charlotte Bousquet : un texte touchant et très descriptif/contemplatif. La nouvelle me laisse en revanche l'impression que l’histoire s’inscrit dans un univers dont je n’ai pas les clefs (celui de Shâhra ?), qu’il faut lire d’autres textes de l’autrice avant de découvrir celui-là.

La traversée du désert d'Ariel Holzl : un désert de sable en reflet de la sécheresse de vie du héros ? Ariel Holzl montre avec ce texte qu’il est aussi à l’aise dans un registre plus adulte. La nouvelle est intrigante, mais j'ai trouvé la fin un brin abrupte.

L'âme et le coeur d'Estelle Vagner : poursuite dans les forêts vosgiennes entre une louve et une jeune femme. C'est un texte qui m’a beaucoup plu, car il permet de retrouver certains personnages de Kayla Marchal pour lesquels j'ai beaucoup d'affection. Je ne sais pas en revanche s'il sera aussi efficace sur ceux qui n'ont pas lu la saga.

Comme ça de Grégory da Rosa : j'ai bien aimé la forme, la manière dont les mots insufflent un rythme particulier au récit. Mais l'histoire est pour moi tombée à plat, malgré une belle exploration du thème de la différence.

💜Seigneur de Colère, de Claire et Robert Belmas : la nouvelle met en scène un futur post-apocalyptique où s'affrontent des villages fortifiés qui luttent par ailleurs contre une végétation invasive. Une histoire aux rebondissements souvent violents, mais très immersive.

💜Qui se souvient des hômlas de Philippe Tessier : un texte un peu inattendu pour moi, mais terriblement sympathique. Des animaux humanisés y mènent l'enquête, dans les souterrains d'une citée oubliée.

Armée d'un livre et d'un crayon de Jean-Laurent del Socorro : une nouvelle émouvante sur Malala Yousafzai et son combat pour l'accès des filles à l'éducation.

Malaria de Loïc Henry : une autre belle découverte pour moi, où il est question de forçage génétique. Un texte très actuel donc, et qui pousse à s'interroger sur les manipulations du vivant.

Par-delà les ruines de Vincent Mondiot : on croit partir sur de la fantasy et puis on se laisse surprendre par ce texte vraiment bien ficelé.

💜Jardins d'Estelle Faye : comme toujours avec Estelle Faye, un texte bourré de sensibilité. On y accompagne les rêves d'un botaniste voyageur, en route vers l'ailleurs dans son jardin d'Eden spatial.

Epinaturalement de Jean Pruvost : jeux de mots autour du festival et de son thème de l'année.