Shetland - Tome 1 : Noire Solitude d'Ann Cleeves

Shetland - Tome 1 : Raven Black
Shetland - Tome 1 : Noire Solitude
d'Ann Cleeves

Editions Pan (2015) (1ère édition VO en 2006)
Publié en VF aux éditions Belfond et en poche aux éditions Pocket
390 p

Ann Cleeves est l’auteur prolifique de quatre séries policières rassemblant plus de vingt romans, parmi lesquels les enquêtes de Vera Stanhope et de Jimmy Perez (les deux sagas ont fait l'objet d'une adaptation télévisée par la BBC). En 2006, elle reçoit le prestigieux prix Duncan Lawrie Dagger du meilleur roman policier pour Noire Solitude. Elle vit aujourd’hui avec son mari et leurs deux filles dans le Yorkshire..

Synopsis

Une écharpe rouge détonne, là-bas, sur la neige. Régal des corbeaux, l'adolescente étranglée ne rira plus jamais. Au large de l'Ecosse, cette île des Shetlands étale ses plages moroses. Ici, chacun se connaît. Et chacun soupçonne d'emblée le vieux Magnus Tait, qu'une histoire semblable a chassé de la communauté, des années plus tôt. Un coupable trop parfait pour le détective Jimmy Perez, qui sait la noirceur des âmes et des solitudes.

Mon avis

Retour en Écosse, avec une lecture recommandée par ma libraire quand elle a vu que je dévorais les romans de Peter May. Il y manque un peu de la puissance évocatrice que l’on retrouve dans la plume de cet auteur que j’aime tant, mais le dépaysement est au rendez-vous. J’ai en revanche l’impression de ne pas en avoir assez vu. Oui je suis une gourmande.

Avant d’être un polar, Raven Black reste quand même un bon petit roman d’atmosphère, celle d’un recoin des Shetlands au cœur de l’hiver. L’ambiance y est d’ailleurs assez sombre, l’autrice ayant, je pense, plutôt bien capturé un sentiment un peu oppressant qui tient du huis clos.

West Sandwick © Robbie

La réflexion se fait également parfois sociologique alors que l’intrigue explore d’intéressants aspects de l’amitié adolescente, du regret, de l’envie ou de la vie au sein d’une petite communauté.

Des personnages variés sont ici mis en scènes, nous offrant un bel éventail de préoccupations. Certains m’ont marquée, comme Magnus Tait, vieil homme simple d’esprit et suspect principal, mais il n’y en a aucun auquel je ne me sois vraiment attachée. L’inspecteur chargé de l’enquête, le solitaire Jimmy Perez avait du potentiel, il aura cependant pour moi manqué de développement. Je me dis que les tomes suivants permettront peut-être de mieux apprendre à le connaître (cela dit, ce livre était à l’origine un one shot).

Sandwick © Mike Pennington

Là où la chose est en revanche plutôt bien gérée c’est que l’autrice a créé un bel échantillon de portraits et de motivations, avec juste ce qu’il faut de leur passé dévoilé pour que l’on ait envie d’en savoir plus. Cela contribue d’ailleurs grandement au suspens de l’histoire. On saute ainsi d’un point de vue à l’autre, les monologues intérieurs s’affrontent, les pistes se multiplient et on en vient à soupçonner tout le monde pour des tas de raisons différentes.

Cela manque un peu de corps en revanche, et la fin ne m’a pas laissée cette sensation plaisante de m'être fait manipuler avec intelligence, mais je me suis néanmoins bien amusée au jeu de l’enquête policière et n’ai pas vu les chapitres défiler.

Pourtant, tout est assez lent. Ne vous attendez pas à de spectaculaires courses poursuites ou à d’excitantes révélations, l’intrigue prend ici son temps. On est plus dans de petites touches d’ambiances et des questions de mœurs. Les pages se tournent cependant toutes seules, car on veut connaître le fin mot de l’histoire ; mais je pense que le but est avant tout de nous plonger le temps d’un instant au sein de cette communauté où tout le monde s’observe et où tout se sait... enfin, c'est ce que l'on croit.

En bref...

Lecture recommandée par ma libraire quand elle a vu que je dévorais les romans de Peter May. Il y manque un peu de la puissance évocatrice que l'on retrouve dans la plume de cet auteur que j'aime tant, mais le dépaysement est au rendez-vous. même si j'ai l'impression de ne pas en avoir assez vu. Avant d'être un polar, Raven Black reste quand même un bon petit roman d'atmosphère, celle d'un recoin des Shetlands au cœur de l'hiver. L'ambiance y est d'ailleurs assez sombre, l'autrice ayant, je pense, plutôt bien capturé un sentiment un peu oppressant qui tient du huis clos.
Quant au suspens, il est bien géré. L'autrice a ici créé un bel échantillon de personnages et de motivations. Ils manquent pour moi de développement, mais nous permettent de sauter d'un point de vue à l'autre, de laisser les monologues intérieurs s'affronter et les pistes se multiplier pour en venir à soupçonner un peu tout le monde pour des tas de raisons différentes. Cela manque parfois de corps, et la fin ne m'a pas laissée cette sensation plaisante de m'être fait manipuler avec intelligence, mais je me suis néanmoins bien prise au jeu de l'enquête policière et n'ai pas vu les pages défiler.