Du Domaine des Murmures, de Carole Martinez

Du Domaine des Murmures

Carole Martinez

Gallimard (2011)
200 pages

Carole Martinez (née en 1966), est une romancière française d'origine espagnole. Son second roman, Du Domaine des Murmures, a obtenu le prix Goncourt des lycéens. Elle est également l'auteure de Le Cri du Livre et de Le Cœur Cousu.

Synopsis

En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire "oui" : elle veut faire respecter son vœu de s'offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe... Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et ce souffle l'entraînera jusqu'en Terre sainte.

Mon avis

Cela faisait un petit bout de temps que j'avais envie de me lancer dans cette lecture, un grand bout de temps même vu qu'il a résidé un an dans ma PAL et que je l'ai désiré bien avant cela. Pourtant et malgré son nombre réduit de page, je n'ai jamais trouvé le temps de me plonger dedans. Vive le Chapelier Fou qui m'a donné l'occasion de remédier à ce problème. Sans être aussi enthousiaste que beaucoup de lecteurs, je ressors quand même enchantée par la plume de Carole Martinez. Il m'aura manqué un je ne sais quoi pour être pleinement conquise, mais je ne peux qu'objectivement reconnaître plusieurs qualités à ce roman.

L'écriture aussi légère que poétique m'aura ainsi fait beaucoup d'effet. Au fur et à mesure de mon avancée, c'était bel et bien la voix d'Esclarmonde qui résonnait à mes oreilles et m’envoûtait doucement. Parfois lyrique et toujours pleine de douceur, elle a su me porter jusqu'au bout d'un récit cruel.

L'histoire, sans intenses péripéties, peut sembler un peu plate, mais elle soulève d'intéressantes thématiques. C'est une ode à l'évasion par la seule force de la pensée. Esclarmonde, recluse entre quatre étroits murs, va pourtant vivre au-delà de l'horizon limité de sa fenestrelle, s'incarnant en de moult personnages jusqu'à un périple dramatique en Terre Sainte. Intervention divine, folie, réalité ou imagination trop vivace ? Le lecteur trouvera dans ce récit les réponses qu'il est prêt à accepter. La frontière est également fine entre foi et superstition, avec ce bon peuple qui vénère la jeune femme et l'érige en sainte, lui attribuant maints miracles … jusqu'à basculer dans le drame. C'est aussi un roman qui présente des figures féminines fortes entourées d'hommes qui sombrent dans la folie. Il y Esclarmonde qui s'affirme à une époque où on attend d'elle un acquiescement silencieux et qui a la volonté d'aller au bout de ses choix, mais aussi Bérengère ou encore Douce qui, chacune à sa façon, trouveront une certaine forme d'émancipation.

Une bien jolie lecture qui, sans être transcendante, aura remporté mon adhésion, d'autant que la plume de Carole Martinez a une musicalité toute agréable.    

Lecture agréable 

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7/20

Octobre 2013