Les Sentinelles de l'Ombre, Tome 1 - Le Souffle de la Lune, de J. Arden

Les Sentinelles de l'Ombre, Tome 1 - Le Souffle de la Lune

de J. Arden
Rebelle Editions (2013)

487 pages

J. Arden est une jeune romancière toulousaine. Le Souffle de la Lune est sa première publication.

Synopsis

Tout allait bien dans ma vie jusqu’à ce que je me transforme en loup devant une assemblée de vampires. Encore qu’il s’agit là d’un euphémisme, du genre capable de vous étouffer en moins de deux. Car s’il est de notoriété publique que les crocs et les poils ne font pas bon ménage, c’est encore pire quand vous êtes la fille de la reine du clan vampirique le plus rigide qui soit. Et je parle d’expérience… Bref. Munie d’un aller simple pour la meute paternelle, me voici partie pour San Francisco, à la découverte d’un monde où vampires et loups se côtoient. Appelons plutôt ça de la cohabitation forcée. Personne n’est prêt à voir sa vie chamboulée, et quand l’amour et des dieux censés avoir disparu s’en mêlent, laisser la bête me dévorer de l’intérieur devient de plus en plus tentant...

Mon avis

D'abord séduite par la magnifique couverture de Miesis (Sylvie Veyres), c'est finalement la mention des loups-garous qui a emporté la donne. Les bêtes à poils, j'aime ça. Après avoir passé trois jours sur cette lecture, j'en suis ressortie avec pleins de sentiments différents. Des choses m'ont plu, d'autres moins, parfois les deux en même temps. La lecture des contradictions donc, mais que je classerai quand même dans la catégorie de celles agréables car elle a souvent su m'emporter, même si j'ai eu un peu de mal à me plonger dedans au début.

Le style est en effet assez recherché, ce qui ne convenait pas forcément à l'état de fatigue avancé de mon cerveau et m'a parfois laissé une impression de lourdeur. L'héroïne est également assez tournée sur l'introspection et, entre les longues phrases et les monologues, mon attention a parfois eu du mal à garder la tête droite. Rajoutez à cela une action qui peine à s'installer et vous comprendrez mon problème.

En effet, l'intrigue se réveille seulement dans le dernier tiers du roman, mais quand elle le fait enfin, les choses s'enchaînent bien et sont riches en révélations. Beaucoup de questions restent en suspens et me donnent bien envie de lire la suite. Finalement, ce livre ne fait que souffrir de ce que j'appelle le syndrome du premier tome, à savoir un accent un peu trop mis sur la découverte de l'univers et des personnages, une plongée que j'ai par ailleurs bien aimée.

Pendant les 300 premières pages, on suit ainsi Anya dans sa découverte du monde des meutes dont elle ignore tout. C'est une héroïne assez classique de l'urban fantasy, entre entêtement et sarcasme, mais j'ai beaucoup aimé les vulnérabilités qu'elle présente. Mi-vampire, mi-loup, la jeune femme a toujours souffert de sa double nature, ne réussissant pas à s'intégrer complètement dans la communauté vampirique où elle réside aux côtés de sa mère, une reine. Quand son côté lupin prend le dessus devant une assemblée de ses congénères à canines, elle est expédiée manu-militari auprès d'un père qu'elle n'a jamais connu, l'alpha d'une meute de loups-garous de San Francisco. Elle découvre alors que les loups sont loin d'être les créatures vicieuses et sauvages qu'on lui a peintes et s'intègre peu à peu à ambiance familiale dont elle a toujours été privée. Mais en bon chat échaudé, elle conserve une certaine distance par rapport à ses proches. J'ai aimé la voir peu à peu s'ouvrir, en particulier aux côtés de Mathis, ce nouveau frère très attendrissant.

La romance est également bien présente tout au long de cette première partie et m'a bien souvent remué les tripes. Un petit manque d'originalité au niveau des personnages masculins, mais cela ne les empêche pas d'être éminemment charmants. Il y a Kyle, un loup-garou bougon avec lequel Anya entretient des rapports aussi intenses qu'explosifs. Entre sa haine des vampires et les étincelles incontrôlables qu'il y a entre ces deux personnages, les choses sont un peu compliqués et font passer le lecteur par un grand huit émotionnel. Pas facile pour Anya de gérer la situation, d'autant plus quand tout semble au contraire bien plus simple avec Aidan, un vampire britannique énigmatique et envoûtant qui l'appelle chaton (quand je parlais de manque d'originalité ^^). Si Kyle me déclenche des vapeurs, Aidan a lui tout mon intérêt intellectuel. C'est un personnage aussi charmant qu'intriguant et dont les mystères aiguisent mon appétit. Deux autres mâles appétissants font leur apparition et si l'un me semble un peu plat (Nolhan, loup-garou, alpha d'une autre meute et inspecteur de police), le second, Kir Afinoguen, laisse présager pas mal de chamboulements.

Et si les personnages masculins manquent parfois un peu d'originalité dans leurs particularités, cette note est contrebalancée par un univers, lui, assez riche. L'intégration de la mythologie égyptienne en particulier est assez plaisante et change pas mal de ce qu'on peut voir habituellement sur les éternels binômes "canine & fourrure".  

Un premier tome assez prometteur, en particulier grâce à une mythologie intrigante et des relations émotionnellement prenantes. Le style était parfois incompatible avec ma fatigue intellectuelle et l'action peine à s'installer, mais j'ai beaucoup aimé suivre Anya dans sa lente intégration à l'univers de la meute. Les personnages sont somme toutes assez classiques pour de l'urban fantasy, mais l'auteure a su insuffler faiblesses et mystères assez plaisants. C'est un livre qui m'aura parfois posé des difficultés d'immersion et m'aura complètement happée à d'autres moments, mais le résultat est là, j'ai très envie de continuer l'aventure.

Lecture agréable 

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