Mes derniers avis

Mers mortes de Aurélie Wellenstein


Mers mortes
de Aurélie Wellenstein
Éditions Scrineo (2019)
368 pages

L'acheter en numérique : Acheter


Aurélie Wellenstein vit en région parisienne avec un pangolin, un grand chien blanc, son animal intérieur et ses nombreuses autres personnalités. Son domaine de prédilection est la fantasy, de préférence étrange et inquiétante.

Synopsis

Les humains ont massacré les mers et les océans. L’eau s’est évaporée ; les animaux sont morts. Quelques années plus tard, les mers et les océans reviennent. Ils déferlent sur le monde sous la forme de marées fantômes et déplacent des vagues de poissons spectraux, tous avides de vengeance. Les fantômes arrachent leurs âmes aux hommes et les dévorent. Bientôt, les humains eux aussi seront éteints… Leur dernier rempart face à la mort : les exorcistes. Caste indispensable à l’humanité, les exorcistes sont bien entendu très convoités. L’un d’eux, Oural, va se faire kidnapper par une bande de pirates qui navigue sur les mers mortes à bord d’un bateau fantôme. Voilà notre héros embarqué de force dans une quête sanglante et obligé, tôt ou tard, de se salir les mains...

Mon avis

Mon Aurélie Wellenstein pré-Imaginales syndical. Ce n’est pas parce que le festival a été annulé cette année que j’allais abandonner cette habitude. Non, au début de chaque printemps je me plonge dans un roman de l’autrice, et j’en ressors à chaque fois ravie. Qu’il s’agisse de son imaginaire un peu sombre, de sa plume acérée ou de ses thématiques fétiches qui me parlent toujours beaucoup, je suis fan.

Celui-ci n’a pas dérogé à la règle. Entre piraterie d’un autre genre, post-ap, engagement écologique et spectres, Mers mortes a été une belle claque. 

Le roman dépeint un futur plus ou moins lointain, ou tous les écosystèmes marins ont disparu de la surface du globe sous la pression des changements climatiques et autres menaces anthropiques. Peu à peu, le monde que nous connaissons s’est transformé en désert et les survivants réfugiés dans des bastions subissent vague après vague de créatures marines spectrales qui reviennent se venger en emportant les âmes humaines. 

Dernier rempart de l’humanité face à ces marées fantômes, les exorcistes sont aussi bien révérés que convoités. Oural, l’un d’entre eux, va voir son existence bouleversée quand il est kidnappé par le mystérieux Bengale et son équipage pirate, embarqué sur les mers mortes dans une bien sanglante quête.

On vogue alors à la rencontre d’aventures d’un autre genre, qui vont peu à peu confronter Oural à une vision bien plus complexe de son monde et le transformer.

Une fois encore, j’ai trouvé le récit très bien tourné, entraînant dans ses péripéties, mais laissant cependant la part belle à la réflexion et à l’émotion. C’est le genre de lecture qui vous met le souffle un peu court, à un rythme fait de bosses et de creux, comme une mer déchainée.

On y frémit pour Oural et Bengal, alors qu’on vient à peine de les rencontrer. Certes, je déplore un peu que les autres soient plus effacés en comparaison, mais ne boudons pas notre plaisir avec la construction très réussie de ce duo et cette relation ambigüe. L’exorciste comme le pirate affichent une belle complexité et j’ai aimé que tout ne soit pas tout noir ou tout blanc avec eux, que leurs choix soient si compréhensibles quels que soient les sentiments qu’ils inspiraient. Cela fait partie de la marque de fabrique de l’autrice quelque part, poussé à son paroxysme avec Faolan dans Le dieu oiseau.

Mers mortes fait également montre d’une construction solide et visuelle de son univers. J’ai toujours beaucoup aimé l’imaginaire si particulier de l’autrice, mais la manière dont elle revisite ici les figures du fantôme et du pirate m’a vraiment marquée. N’allez cependant pas chercher de longs exposés sur le pourquoi du comment des pouvoirs des uns et du retour des autres. Ce n’est pas le genre de la maison. Aurélie Wellenstein va à l’essentiel, c’est à prendre ou à laisser et il faut accepter la présence de ce surnaturel, se laisser surprendre et envoûter.

L’idée est également de pousser à la réaction et la réflexion, je pense, et j’ai trouvé le roman très efficace de ce côté-là. Alors oui, les thématiques abordées ici me parlent à l’origine, mais je ne pense pas qu’on peut rester insensible devant le portrait que brosse Aurélie Wellenstein de ce monde. Les passages plus oniriques où Oural se retrouve plongé dans les souffrances de ces animaux sacrifiés sur l’autel de notre mode de vie sont d’ailleurs particulièrement saisissants. Durs, mais nécessaires. Espérons qu’ils donneront à réfléchir.


En bref...

Une belle claque, entre piraterie, post-ap, écologie et fantastique. Une lecture bouleversante.


J'ai adoré


Logo Livraddict

4 commentaires

  1. C'est un livre qui m'intéresse beaucoup, puisqu'il aborde des thématiques qui m'intéressent, comme l'écologie et l'avenir de la planète, par exemple...

    Merci pour cette chronique !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, j'ai beaucoup aimé retrouver ces thématiques dedans.

      Supprimer
  2. Ce livre était une vraie claque, en effet <3
    Quand je pense que ça fait déjà presque un an que je l'ai lu !
    Vivement le prochain :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Yardam pour moi ! Je verrai si Aurélie est là aux Halliennales, sinon hop passage en librairie.

      Supprimer